Ces Alsaciens à la vice-présidence du Grand Est : Claude Sturni, en charge du Développement économique


27 mars 2023

Azur FM vous propose cette semaine une série de portraits de femmes et d’hommes politiques engagés à l’échelle régionale. Entretien avec Claude Sturni, vice-président en charge du Développement économique.




Claude Sturni, dans le dernier remaniement régional, suite à la démission de Jean Rottner et de l'élection de Franck Leroy au poste de président de la Région Grand Est, vous avez hérité d'une vice-présidence. Vous êtes même le deuxième vice-président. Tout d'abord, j'ai envie de vous poser cette question. Quel est le rôle et le quotidien d'un élu régional ? On connaît tous le rôle du maire, un poste que vous exercez également à Haguenau, mais la région, elle, de nombreux concitoyens s'interrogent encore sur son rôle ou son utilité.

Les régions, par la loi, ont un certain nombre de compétences qu'elles ont de fait. Elles sont chef de file pour le développement économique. C'est elles qui s'occupent des mobilités au sens large, le ferroviaire tout particulièrement. C'est les régions qui s'occupent des lycées. C'est les régions qui s'occupent de la formation professionnelle. Il y a un certain nombre de sujets qui, par la loi, relèvent des régions. Après, il y a un certain nombre d'autres initiatives, d'autres compétences qu'on peut partager avec d'autres niveaux, que ce soit les communes ou les intercommunalités tout particulièrement.

Si vous le voulez bien, on va revenir sur votre parcours personnel. Vous êtes engagé en politique depuis quelques années déjà, depuis 1989, avec différentes casquettes. Mais vous avez aussi travaillé dans le secteur de l'industrie, à l'issue de votre parcours en école de commerce.

C'est vrai que je me suis engagé très tôt. J'étais même benjamin à l'époque, comme un deuxième pied. J'aimais bien à la fois mon parcours professionnel dans l'industrie, effectivement, ou alors un engagement dans la vie publique. Mais être conseiller municipal, adjoint au maire, c'était pour moi un bon équilibre. En 2008, je suis devenu maire. Là, on a changé les donnes.

Et puis ensuite, vous avez aussi été député. Vous avez occupé différentes casquettes.

Ma volonté était la même. C'était m'engager pour un territoire, servir ce territoire. Et lorsqu'on pouvait cumuler un mandat national et un mandat local, j'ai souhaité être député-maire. J'étais même le premier député-maire sur Haguenau. Puis après, à un moment donné, j'ai choisi le local parce que je considère que c'est au niveau des mandats locaux qu'on peut vraiment agir, voir le résultat de ce qu'on fait. C'est vrai que c'est un peu différent d'un mandat national.

Cette délégation à l'économie, est-ce que c'était comme une évidence compte tenu de votre parcours personnel ? On parlait tout à l'heure de votre expérience dans l'industrie, de votre intérêt, bien connu aussi pour les questions économiques.

Mon envie de servir dans ce domaine-là découlait effectivement de mon parcours dans l'industrie, mais aussi comme élu local. On voit les questions de développement économique puisqu'on est directement sur le terrain. On voit les enjeux du commerce, les enjeux de l'artisanat, de tous les secteurs économiques. Et donc, on a effectivement un regard, une capacité à apporter quelque chose à l'échelon régional.

Une vice-présidence, c'est un poste de premier plan, surtout que vous êtes deuxième vice-président de la Région Grand Est. Est-ce que c'était une demande personnelle ou est-ce qu'on vous l’a proposée ?

Ce n'était pas une demande personnelle, on me l'a proposée. Moi, je n'ai rien demandé dans tout ce remaniement mais ça me paraissait assez clair qu'il fallait que des Alsaciens aussi s'engagent. L'économie, puisque c'est le domaine de délégation, c'est vrai que c'est un point fort. L'Alsace est particulièrement dynamique si on la compare avec d'autres territoires, qui ont d'autres atouts. Mais l'industrie, c'est vrai, en Alsace, peut-être la particularité aussi et la vigueur des chambres consulaires. Je pense notamment à l'artisanat, avec le droit local qui leur confère un rôle particulier. Je pense pouvoir apporter quelque chose sur ces domaines-là pour toute la région.

Sur le champ de l'économie, quelles sont les grandes réalisations qui sont portées par la Région Grand Est et qui vont avoir un impact pour les Alsaciens et plus largement aussi à l'échelle de la Région Grand Est ?

L'économie régionale est confrontée à un certain nombre d'enjeux stratégiques. Il s'agit d'accompagner le changement dans lequel nous sommes. Il y a quatre grandes transitions. Je mets de côté la santé, qui est un enjeu en tant que tel. Mais il y en a trois autres qui me paraissent importants à avoir en tête. C'est tout ce qui concerne l'industrie, le passage à une industrie 4.0, le numérique qui concerne tous les champs de l'économie et même de la vie sociale. Et puis l'écologie, l'environnement, l'énergie. On voit bien à quel point ces sujets sont devenus cruciaux. Et la région, elle s'est engagée. Elle va le formaliser aussi par un schéma régional de développement économique d'innovation et d'internationalisation. Elle s'engage avec les acteurs économiques pour qu'on puisse aider l'économie à muter en quelque sorte. Après, ça veut dire que concrètement, il y a des politiques qu'on définit, des dispositifs. Là, on vient d'adopter les chèques verts qui permettent d'accompagner les petits commerces, les petits artisans dans de l'investissement pour qu'ils améliorent leurs équipements, notamment ceux qui sont énergivores. Je pense que c'est comme ça aussi. Il y a de la stratégie, puis il y a de l'action au quotidien dans la proximité.

Est-ce que l'élu régional est aussi celui qui va aller démarcher l'industriel pour des implantations ?

On est effectivement aussi concernés par des demandes, parce qu'aujourd'hui, on est très sollicités. C'est vrai que la Région Grand Est est attractive, parce qu'on est au cœur de l'Europe, parce qu'on est une région qui a le plus de frontières et que beaucoup d'enjeux se font aussi en lien avec nos territoires voisins. Et on est attractifs. On est aussi à travailler avec les territoires, les intercommunalités, pour voir comment on peut développer. On appelle ça le développement exogène. On amène des nouvelles entreprises, des nouvelles activités, mais qui doivent aussi renforcer celles qui sont présentes, créer l'écosystème qui va bien, justement par rapport aux transitions que j'évoquais.

En Alsace, voilà une question qui revient très souvent et les avis sont partagés. Pour vous, la région constitue-t-elle un atout pour l'Alsace, ou alors l'Alsace devrait-elle quitter la Région Grand Est pour redevenir une région à part entière ?

En matière d'économie, il est clair que l'effet taille permet de mettre en place des dispositifs intéressants, permet aussi de travailler avec des grandes entreprises à la bonne échelle, parce qu’il ne s'agit pas simplement d'une implantation en Alsace. Les grands groupes, on l'a vu notamment dans le monde de l'automobile, peuvent avoir plusieurs usines dans plusieurs parties de la Région Grand Est. On est des interlocuteurs crédibles et au bon niveau pour travailler certains dossiers. Pour le reste, il est incontestable qu'on veut aussi travailler avec des spécificités. L'Alsace a ses caractéristiques, a ses spécificités et on veut s'appuyer sur ce qui peut exister territoire par territoire. On l'a acté avant même que je sois vice-président dans des schémas régionaux et je pense que de plus en plus, on travaillera à l'échelle des bassins de vie sur les questions qui peuvent être différentes quand on est en Champagne, quand on est dans la Meuse ou quand on est en Alsace.


Retrouvez les autres entretiens des vice-présidents alsaciens de la Région Grand Est, réalisés avec Nadège Hornbeck, Denise Buhl et Thibaud Philipps, dans notre rubrique actualités régionales.


Propos recueillis par Franck Jehl (AZUR FM) / © Crédit photo : Franck Jehl