Alsace Rhin Brisach : Trans Rhin Rail interpelle les élus


26 février 2024

C’est avec une intervention de Patrick KERBER, Président de l’association Trans Rhin Rail (TRR), que s’est ouvert le Conseil Communautaire Alsace Rhin Brisach la semaine dernière. Un appel à la mobilisation des élus, en faveur de la ligne Colmar – Freiburg, en était à l’origine.

L’association TRR se bat en faveur du rétablissement de la ligne de train franco-allemande, Colmar – Freiburg.

Depuis 2012, TRR s’investi pour rétablir cette ligne de train, mise hors service dans les années 1960. Un combat qui dure depuis trop longtemps pour le Président de l’association, Patrick KERBER, durant lequel de simples études ont été réalisée, sans actions. L’heure est maintenant aux faits et aux actions pour faire avancer ce projet.

Entretien avec Patrick KERBER, le Président de l’association TRR,

Patrick KERBER, président de l'association Trans Rhin Rail, vous êtes intervenu ce soir en début de conseil communautaire à Alsace Rhin Brisach pour interpeller les élus justement de ce territoire qui sont concernés par cette ligne de train Colmar-Fribourg. Quel est l'objectif ? Qu'est-ce que vous attendez de leur part à présent ?

Ce soir on est intervenu au conseil communautaire Pays Rhin Brisach parce qu'il y a un projet qui nous tient à cœur. C'est le train Colmar-Fribourg. C'est un projet qui existe depuis des décennies et des décennies et nous on veut vraiment que ce projet se fasse. Notre association existe depuis 2012, donc ça fait quand même 12 ans qu'on est sur ce projet. Pour l'instant on a toujours fait des études, on a beaucoup parlé mais rien ne s'est fait réellement. Là on est dans une phase concrète où des études bien ficelées ont été réalisées du côté français et du côté allemand. On a encore cette problématique qu'on n'est pas d'accord sur le potentiel voyageur. Du côté français, la SNCF réseau part d'environ 1 000 personnes par jour. Du côté allemand, la DBnetz part d'un potentiel de 5 à 6 mille voyageurs. Donc on ne comprend pas d'où vient en fait cette différence sachant qu'on a 14 mille personnes qui prennent quotidiennement le train entre Breisach et Fribourg. Donc on voit qu'il y a du potentiel. On a des milliers des milliers, donc plus de 20, 25 000 personnes, qui traversent le pont du côté de Vogelgrun - Breisach quotidiennement. Donc c'est facile d'avoir ces 5, 6 000 personnes par jour.

Nous avons un coût exorbitant. Forcément, on est à 300 millions. Il y a quelques années, on était à 50 millions, 90 millions. Donc le prix ne va pas rétrécir, il va plutôt augmenter. Surtout que du côté allemand, ils se sont dit, avec la subvention européenne, vu que c'est un projet franco-allemand, on va rajouter le doublement de la voie entre Breisach et Fribourg, ce qui rajouterait encore 450 millions d'euros. Avec l'inflation et l'augmentation du coût, on arrive à 1 milliard. C'est pourquoi on parle entre 1 milliard d'euros et 300 millions, mais si on parle du projet pur et simple entre Colmar et Breisach, on reste à 300 millions d'euros.

 

Beaucoup d'études ont été menées au cours de ces 12 dernières années. L'heure est maintenant aux actions ?

Le but de ce soir c'était vraiment de sensibiliser les élus, de dire voilà, « vous êtes acteur de votre territoire, c'est à vous de donner toutes les informations à vos citoyens et de vous mobiliser ». Aussi, que ça soit publiquement, mais entre autres, cette chaîne humaine que nous souhaitons mettre en œuvre le 14 avril à 11h à l’Art’Rhena de Vogelgrun. Pourquoi là-bas ? Parce que c'est le centre de la ligne, donc entre Colmar et Fribourg, et c'est le maillon manquant par rapport aux rails entre l'Allemagne et la France. Donc on invite les Allemands, les Français, mais vraiment de partout, à participer à cette chaîne humaine. On attend plus de 1 000 personnes, et ce sera vraiment le but de montrer aux élus du territoire, de la région, au niveau national, regardez, « les citoyens se sont mobilisés, ils sont pour le train, et venez, allez, on va prendre ce projet, on va le lancer cette année ».

C'est très important parce que plus le projet avance et plus on a tendance à dire qu'il se finalisera d'ici 12, 15, 20 ans. C'est pourquoi c'est important d'accélérer le cadencement par rapport aux travaux parce que sinon d'ici 2050 on sera très vieux et on n'aurait pas encore profité du train.

 

Pour vous, que représente cette ligne de train pour laquelle vous vous battez depuis maintenant de nombreuses années ?

Cette ligne a été mentionnée à plusieurs reprises, que ce soit le traité de l'Elysée 2.0 il n'y a même pas quelques années. On a le post-Fessenheim, donc dans le cadre de post-Fessenheim, la fermeture de la       centrale, le projet Colmar-Fribourg a été mentionné. Nous avons aussi un troisième feuilleton par rapport à l'Union européenne. Les « missing links », les liens manquants entre les pays, surtout entre les pays de l'Union européenne, dont fait partie la ligne Colmar - Fribourg. C'est le troisième point où nous avons cette ligne qui est mentionnée. Et il n'y a rien qui bouge. Pour l'instant, ce ne sont que des paroles. Nous, on est vraiment en colère par rapport à cette situation parce que ça ne bouge pas. Et nous, on veut faire bouger les lignes, Outre-Rhin. Donc qu'est-ce que ça veut dire ? C'est déjà la coopération transfrontalière, France - Allemagne, ce qui n'a pas forcément été toujours le cas.

C'est pour un but économique, touristique, pour l'échange franco-allemand. On a des travailleurs au quotidien qui traversent le pont, ils pourraient, surtout dans cette phase d'écologie, on en parle, c'est omniprésent, pourquoi pas justement prendre le train. C'est vraiment un atout crucial pour le territoire à tous les niveaux. Et c'est très important aussi de pouvoir proposer un service adéquat. Ce ne sera pas avec la SNCF dans l'état actuel qu'on pourra proposer un service pour les citoyens. Il faut une plage horaire beaucoup plus grande que ce qu'ils ont proposé pour l'instant. Aujourd'hui, ils partent de 7h du matin à 21h d'après leurs études, il faut absolument partir de 5 heures du matin jusqu'à minuit comme le font déjà les allemands et c'est ça un vrai service. Donc il faut vraiment revoir la charte comme on l'a fait depuis des décennies et des décennies et remettre dans le débat de nouvelles informations, de nouvelles procédures pour pouvoir avancer correctement sur un tel projet d'une telle ampleur.

Pour Gérard HUG, Président de la Communauté de Commune Alsace Rhin Brisach, le dossier est d’une importance cruciale, qui s’inscrit également dans la continuité des travaux déjà menés en termes de mobilité douce.

Gérard HUG, Président de la Communauté de Commune Alsace Rhin Brisach, Patrick KERBER est venu vous solliciter ce soir concernant cette ligne de train, quelle est votre position ?

Pour nous, c'est un élément important. Je l'ai dit tout à l'heure, c'est une colonne vertébrale pour notre territoire qui permettrait d'attraper un second souffle en termes de développement économique, ce qui me place à 10 minutes de Colmar, même pas. C’est écologique, on prépare d'ailleurs aujourd'hui notre territoire à ça. Malheureusement, ce n'est pas nous qui sommes décideurs et on attend un prochain comité de pilotage qui va revoir les éléments financiers, mais également des éléments techniques, notamment d'affluence potentielle par rapport à ce train. Et j'espère qu'on va lever tous les obstacles pour permettre la mise en œuvre de ce train qui a une vocation, effectivement, transfrontalière, certes, mais pas que. Il y a aussi une volonté de nous ramener très vite à Colmar en venant de chez nous. Et d'ailleurs, tous les travaux qu'on fait actuellement de pistes cyclables, de mobilité douce, de parkings de rabattement, doivent servir à ça. Comment on peut ramener tranquillement les gens vers le train et ensuite du train vers, par exemple, les usines pour que les gens puissent venir en vélo tranquillement ensuite emprunter toute la piste cyclable et desservir les différentes usines de la zone industrielle.

Une pétition a été mise en ligne par TRR pour souligner l’investissement de la population. Le rendez-vous est également donné le 14 avril à 11h00, à l’Art’Rhena, pour une première mobilisation de masse. Un départ depuis Colmar à vélo est prévu, avec le soutien de l’association Cadres Colmar, et un départ en bus depuis Colmar également.

Affiche chaîne humaine TRR 14 avril 2024_page-0001.jpg (795 KB)

 

Propos recueillis par Thibaut KEMPF (AZUR FM) / © Crédits photo : DR